La HET-PRO confirmée au niveau européen

Dans les locaux de la HET-PRO, à l'occasion de la rentrée de septembre 2024. / DR
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Dans les locaux de la HET-PRO, à l'occasion de la rentrée de septembre 2024.
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La HET-PRO confirmée au niveau européen

Après une mise en cause violente, la HET-PRO de Saint-Légier obtient une reconnaissance officielle. L’établissement vient de renouveler son accréditation européenne. Une marque de confiance alors qu’il vise désormais une reconnaissance suisse.

Après la polémique, place à la bénédiction. La HET-PRO de Saint-Légier (VD) vient de voir sa reconnaissance européenne confirmée. Ce mardi, l'école de théologie a annoncé, par communiqué, le renouvellement pour cinq ans de son accréditation par l’European Council for Theological Education (ECTE). L’ECTE veille à la conformité académique des écoles de théologie européennes qui en font la demande. Il est lui-même reconnu par l’EQAR, le registre européen officiel des agences d’accréditation, qui valide également l’Agence suisse d’accréditation et d’assurance qualité (AAQ). Cette dernière étant elle-même responsable de l’accréditation d’institutions telles que l’UNIL ou l’EPFL. Ce renouvellement intervient alors que la HET-PRO attend pour cette année une autre reconnaissance majeure: son statut de Haute école spécialisée, au niveau suisse. L’occasion de faire le point avec David Richir-Haldemann, professeur et responsable de l’accréditation de l’établissement.

Vous avez récemment publié un communiqué de presse annonçant la réaccréditation de la HET-PRO au niveau européen. En quoi consiste-t-elle?

Cette réévaluation, qui intervient tous les cinq ans, confirme que nous continuons à répondre aux standards académiques européens. Cela signifie que nos diplômes sont conformes au processus de Bologne et reconnus à l’échelle européenne dans les institutions partenaires.

La HET-PRO délivre donc des crédits ECTS, conformément aux standards européens. Ces crédits sont-ils reconnus par les universités suisses?

Nos crédits sont bien alignés sur le système de Bologne, donc conformes aux standards européens. Toutefois, chaque université a la liberté de reconnaître ou non les diplômes et crédits d’une autre institution. Par exemple, l’Université de Strasbourg accepte nos étudiants en master sans difficulté. En revanche, l’Université de Lausanne ou de Genève appliquent leurs propres critères et évaluent chaque dossier au cas par cas. C’est un fonctionnement normal dans le paysage académique européen.

Concrètement, quels sont les avantages d’être accrédité par l’ECTE?

L’accréditation par l’ECTE garantit que notre établissement respecte des standards académiques clairs et reconnus. Cela assure une grande transparence et un haut niveau d’exigence dans nos formations. De plus, notre accréditation est réévaluée tous les cinq ans, au bout d’un audit poussé, ce qui implique une démarche continue d’amélioration et de mise à jour de nos cursus. De son côté, l’accréditation suisse, par exemple, dure sept ans. 

Où en est la procédure d’accréditation suisse au statut de Haute Ecole spécialisée (HES)?

La HET-PRO est actuellement en cours d’évaluation par le Conseil suisse d’accréditation. Nous recevrons au printemps le rapport des experts mandatés dans ce cadre, mais la décision finale ne sera prise que dans les mois à venir, probablement à l’été ou à l’automne.

Ce rapport sera-t-il accessible au public?

Non. Il est transmis uniquement à l’institution concernée, qui doit alors prendre position sur son contenu. Avec ce rapport entre les mains, la HET-PRO connaîtra l’avis des experts et les éventuelles conditions liées à l’accréditation. Elle pourra décider ensuite si elle poursuit le processus ou se retire. Dans le premier cas, ce document sera soumis au Conseil suisse d’accréditation, qui prendra sa décision finale. 

Si votre accréditation suisse est validée, cela signifie-t-il que vos diplômes seront automatiquement reconnus par toutes les universités du pays?

Pas nécessairement. L’accréditation suisse offrirait une reconnaissance institutionnelle officielle et faciliterait les discussions avec d’autres établissements, mais chaque université resterait libre de décider des équivalences qu’elle accorde. Ce serait néanmoins une avancée significative pour notre intégration dans le paysage académique suisse.

Quels sont les débouchés actuels pour vos diplômés? 

Il s’agit essentiellement de métiers d’Églises et en ONG chrétiennes. Certains de nos anciens étudiants occupent déjà des postes dans des ONG ou dans les milieux évangéliques (pasteurs, diacres, agents pastoraux, aumôniers, etc.). Ils sont également animateurs jeunesse ou enfance dans différentes Églises réformées, notamment à Fribourg, Neuchâtel ou dans le canton de Vaud. Toutefois, pour être reconnus comme pasteurs dans certaines Églises réformées, il leur faut un master en théologie reconnu par les autorités académiques des Universités de Lausanne ou Genève. L’enjeu de notre accréditation suisse est donc aussi de faciliter ce type de reconnaissance.

Quelle est votre vision pour l’avenir de la HET-PRO?

Nous souhaitons avant tout que nos étudiants soient jugés sur la qualité de leur formation et de leur travail, et non sur des considérations administratives. Nous voulons donc favoriser l’émergence de nouvelles vocations en milieux protestants et évangéliques en offrant un lieu de formation où les dimension intellectuelle, spirituelle et fraternelle de la foi chrétienne sont intégrées. Notre objectif est de continuer à former des personnes compétentes et engagées, tout en renforçant nos liens avec le monde académique suisse et européen.